Deuxième album de MKB, Messageros Killers Boys , enregistré en Juillet 1984 au studio WW de Patrick Woindrich dans les entrepôts frigorifiques désaffectés de la SNCF, sis au Quai de la Gare, Paris XIII. Demi deuxième plutôt, car il s’agit d’un split album avec une face pour Lucrate Milk, groupe punk cancre et festif, déjà auteur de deux 45 tours et de multiples concerts, ambiancés, côté public, par un Elno trublion (qui sera plus tard chanteur chez les Négresses Vertes) et l’autre face dévolue à MKB, Fraction Provisoire rassemblée autour du noyau de toulousains montés à Paris pour poursuivre leur chaotique carrière.

Groupes aux différences marquées que ce soit dans l’origine, le son, l’ambition et l’esthétique mais ancrés autour du batteur qui cognait ses fûts au sein des deux bands, alias Gaboni chez Lucrate et Xraoul chez MKB, et du manager Marsu, régisseur incontournable de la scène rock parisienne de ces 80’s.

Début des 80’s, estran musical laissé par la marée du punk dévastateur de la fin des 70’s. Le temps que les ados exaltés par la sauvagerie goguenarde des Pistols achètent une guitare et apprennent un tant soit peu quelques accords. Époque des squats, des autonomes – black blocs avant l’heure – de l’autoproduction et débrouille musicale avec, par exemple, ww, studio d’enregistrement et de salles de répète squattant le bunker frigo SNCF ou la salle de concert Palikao, usine/grange improbable, aux normes de sécurité incertaines, au sein d’un Belleville alors en pleine démolition.

Le flamboiement d’une existence musicale consistait alors en ce qu’elle soit clinquante et éphémère, comme si l’enfant jetait dès le soir de Noël ses beaux jouets reçus le matin ; d’ailleurs le verso du vinyl dont nous parlons représente des jouets cassés sur le pavé. Lucrate Milk se sépara peu après la sortie de l’album et la fraction provisoire numéro 2 de MKB périclita de même.